Dans la collection La Bibliothèque des Éditions La rumeur libre, paraîtra prochainement Journal de la brousse endormie qui rassemble en un seul volume Ma vie au village, Journal de la brousse endormie et Conversation.
Ma vie au village est un ensemble de textes, écrits pour la plupart de nuit, entre octobre 2014 et janvier 2018. Aucune intention ne présidait à sa composition. Les premiers mots Nous aurons vu passer tout le sang des forêts ne savaient pas plus que moi où ils iraient. Ni récit de vie, ni journal, encore moins relevé ethnographique, seulement des textes qu’en apparence rien n’ordonne. Un paysage. Le village, comme n’importe quel village là-bas, dans l’immense forêt d’Afrique centrale. Dire Ma vie, c’était faussement naïf, et un peu ironique, tant elle n’offre aucun intérêt. Quelques éléments biographiques légèrement voilés derrière le mur des arbres n’ont pas conduit à de l’histoire. Ça s’est un peu fait comme le dit Kenneth White (La Revue des Ressources, Entretien avec l’auteur), sans prétendre que la citation puisse s’appliquer telle quelle à mon labeur d’écriture :
[Cela dit,] la grande question est de savoir où une œuvre commence et comment elle se développe. Au début, il y aurait quelque chose de biologique et quelque chose d’environnemental. Disons, un tempérament, et des circonstances. Si les circonstances ne sont pas trop hostiles, si elles sont même favorables (mais peut-être pas trop favorables), ce « tempérament » va pouvoir se développer. Comme dans la théorie des capacités auto-organisatrices de systèmes ouverts, c’est-à-dire à travers lesquels coulent de la matière et de l’énergie. Ou comme dans la théorie biologique de l’autopoiesis, selon laquelle l’évolution se fait par drift (flux, dérive), élément ajouté après élément, sans « but » connu à l’avance. Petit à petit, à un rythme de plus en plus soutenu, un ensemble de textes se constitue, que l’on peut appeler une « œuvre »
Dans Ma vie au village, il y a beaucoup de détours, par le langage mis à l’écoute, par la route et son tracé colonial, les pistes intérieures, les sentiers de forêt qui échappent à toute cartographie, le dédale entre les cases, la grande ville, un glossaire des choses qui m’entourent, par l’invention d’une Histoire lointaine, d’une reine fantasmatique, par la chaleur, les pluies, le vent d’Est, par la vie dure et l’amour imparfait.
Journal de la brousse endormie rassemble vingt-sept poèmes, choisis parmi près de quatre-vingts écrits entre 2006 et 2009, en 2012 pour deux d’entre eux. Ils évoquent en images le commun des jours dans la brousse, cherchant ce qui ne se voit pas, et qui permet de sur-vivre.
Enfin, Conversation (avril-octobre 2010) n’est autre que ce que le titre indique, seize courts textes qui forment un échange au bord des arbres et de l’eau, celle de la Côte d’Opale et celle de la rivière, presque immobile, au pied du grand village où j’ai vécu durant vingt-quatre ans.
Devrait suivre chez le même éditeur, dans le temps incertain, Bois rouge, une longue improvisation du chant pour instruments de la forêt, suivi de Génésie, tous textes parus sur ce chemin tournant, des extraits sur Œuvres ouvertes et en revues.
Ossoko (merci) à Laurent Margantin pour son conseil, Joël Vernet pour son actif soutien, à Andrea et Dominique Iacovella pour avoir accueilli ce Journal de la brousse endormie.
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