À propos

On a beaucoup réfléchi l’image, sur l’image aussi, au cinéma, en poésie. Qu’est-ce qu’une image évidemment, est-elle la question de l’écrit. Il semble à première vue, c’est ce qui parait, pourtant très vite nous sommes débordés par son sujet. Ce que l’on cherche d’elle en elle c’est sa forme, que caresse la lumière disait Rouault, qui cite ce mot de Cézanne : « Le contour me fuit ». Et la forme de l’image est peut-être l’esprit de sa surface. Il ne s’agit pas de chercher une forme préexistante, toute faite déjà, mais de trouver celle qui surgit au sein d’une conjonction de l’image et de soi, une forme qui s’invente. Une même image ne ressemble pas à son image, une même forme à sa forme, comme l’univers change à chaque infiniment moins qu’une microseconde. Avec le texte écrit on se heurte au support, à sa fixité, aux statu(e)ts des mots, il faudrait pouvoir écrire sur l’air ou sur l’eau (danser, nager), vrai aussi que la forme (plurielle) de l’image est fixée sur la toile, le carton ou qu’importe, le papier, mais en peinture au commencement, ce n’est jamais une reproduction. Ce qui manque aux mots de l’écrit, c’est la parole, la langue qui parle leurs sons (on peut toujours le faire, mais après, sauf à d’abord l’oraliser, mais alors il n’est pas). L’écrit est une copie, un fac-similé. L’écrit est l’enfer de la reproduction. Il ne livre pas la forme que l’on cherche en écrivant (il la trahit souvent), il n’est que le support de mots qui tentent de dire l’image. C’est un peu confus. Ce que j’essaie de dire c’est qu’il serait préférable de peindre. On a l’image dans les yeux. Et pourtant j’écris des écrits.

Né à Lyon (France) en 1957.
Je vis depuis 1999 au Cameroun.

Textes ou extraits parus dans une douzaine de revues, dont Voix d’encre, Arpa, Meteor.
Paraitront prochainement aux éditions La rumeur libre, Journal de la brousse endormie et Bois rouge/Génésie.