Nous jouions derrière le château,
Longuement dans l’indifférence,
A courir après des qui sont morts
Ou vieux, des qui sont oubliés
Entre les pages de ton livre,
En attente du feu,
Et moi parti depuis
Je me manque à chaque seconde,
Je suis toujours dans mon propre cœur,
Donc jouions et le jeu c’était
La fraîcheur de la terre, des caves,
Le ciment, ce qui avait l’allure
D’un ancien réservoir où nageaient
Des poissons dans l’eau sale.
L’on courait ridiculement
Dans un bonheur très vague
Et toi qui mesurais le temps
Pourquoi n’as-tu parlé,
Pour dire quoi il est vrai,
Qu’il est l’heure de rentrer,
Que la nuit tombe.
L’un avait des soldats de plomb
Dans la chambre feutrée, sans poussière,
Et sa mère marchait doucement,
−Formons les rangs pour la guerre
Sait-on d’où survient l’ennui,
D’entre les meubles, du tapis,
De l’autre étrange et laid
Jusqu’au mystère
Qui ouvrait soi-même la porte,
Une ombre avec des yeux cernés.
Toujours les rideaux tirés
En sorte de voilage un peu nuptial,
En climat de grisâtre virginité,
L’amour devait se faire
Quand il dort de l’autre côté
Et les lampes au salon
Dans un silence de veuvage.
Après tu m’as conduit jusqu’aux steppes lugubres,
Les cachées : décors de vitrine,
Parfums des grands magasins,
Là où les anges passent
En se moquant des humains,
Arrières de boutique
Et d’horribles bureaux,
Pour l’heure nous en étions
A cette prison de soi
Où l’on jouait des heures
En attente de quoi.
Tu me fais reposer.
Et puis ces longues traversées
De couloir au bout de rien,
Sans odeur, sans bruit.