D’un peu haut l’on voyait la plaine,
Presque le fruit des arbres, des murs blancs,
Le côté gris des choses aussi.
Le réel dormant dans l’oubli
Semblait une plaque de lumière
Posée jusque sur les monts,
Avec en-dessous des fusions
Et toi qu’on disait au ciel.
De là n’ouissions pas le bruit d’ailleurs,
Ce qui était derrière, la ville
Des vrais gens, mais les voix étouffées
D’une époque et d’ancêtres,
Les locos passant la barrière ou
Sur l’herbe le vent
Entre les cerisiers.
[C’était rouge d’un sang vicié,
Violet parfois comme violé
Sous les doigts, plein de rancune
Acide de ne pas savoir quoi,
Ne pas connaître qui,
D’attendre, choir en nos bouches,
Cueilli, d’être salive, ventre,
Douleur qu’apaise un peu de noix.
Finir ainsi et sans prière.]
J'aime ces locos locales…
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Cela cognait là-dedans,rouge d'un sang vicié,
tous ces bruits dans la tête,
comme répercutés par les hautes collines,
sentinelles d'une époque,
te désignant coupable,
même si tu n'étais pas là,
pas encore né -,
mais portant la flétrissure de tes pères,
une inscription en creux.
Eux ont été assassins,
eux ont violé, lacéré, amputé,
fait d'autres hommes des paquets de viande
et assisté au festin des mouches.
Leurs fils te regardent,
les yeux pleins de rancune,
comme un fruit dont tu porterais le ver.
Ils savent .
L'oubli, ni le pardon n'ont étendu leur chape d'ouate, encore.
Ils accusent sans le dire les descendants,
ceux qui ont osé survivre,
boivent la même eau et respirent le même air,
et souvent croient au même dieu…
–
RC-
( en rapport avec les descendants Utu et Tutsi du Rwanda ).
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