Après la parution en 2023 du Journal de la brousse endormie, sortira en juin prochain, toujours chez La rumeur libre, Tout commence par les marimbas de la nuit, un triptyque poétique composé de Bois rouge, écrit en 2010, Génésie et Lignages, écrits entre 2012 et 2014.
Bois rouge est une ode rythmique au ciel, aux arbres, aux rivières, aux oiseaux de l’Est-Cameroun où j’ai longtemps vécu, une improvisation du chant pour instruments de la forêt. Génésie et Lignages déclinent le fleuve, la ville natale, la campagne aimée et l’influence des « choses » sur l’enfance de l’écriteur. Textes à lire à haute voix, si l’on peut, afin qu’en ressortent toutes les nuances sonores.
Selon le mythe de la création porté par les Bakas, peuple premier de la grande forêt, les humains furent d’abord cigognes, puis ils tombèrent sur la terre. Alors, chante Bois rouge, ils inventèrent la musique à l’écoute, à l’écoute des pluies, à l’écoute des gouttes, […] quand des bras leur naquirent à l’aisselle, forme de mains, de longs doigts pour battre l’air, qu’ils n’eurent plus bec mais bouche pour dire : la forêt c’est de la musique.
Musique forte aussi de Génésie et de Lignages, celle de l’enfance et de tout ce qui forme la trame d’une vie humaine, bien loin des clichés biographiques.
Les heures passaient sans mot dans l’ombre du visage, à son tour le jour s’en allait […] Et toujours un silence de vitre, de fenêtre, de route sans passage, sauf qu’une voiture parfois plus tard venait de loin rouler entre les draps et faire un autre monde de la blancheur des phares aux fentes des volets. Plus tard aussi une mare d’eau noire resserrée sous les saules, l’allant droit du chemin dans beaucoup de lumière et le corps du serpent à franchir au travers, soi ne sachant encore si passer par-dessus, si détourner ses pas, cette ombre rouge là au milieu de la terre, l’ile au milieu de l’eau, ce que l’on ne dit pas.