Tous mots
Tous dires de nos bouches
Les voici sur la branche
Oiseaux de paradis
Et voici
La parole
En longue plume blanche
Tous sons d’elle
Les avons pris
A l’extase des ailes
A l’envol des cris
Vibrant dans les manguiers
Les voici sur la branche
Qui nous ont appris
Les langues dialoguantes
Les longs phrasés d’appel
Et les brefs répons
Dans l’isthme des gosiers
Ou encore les susurrements
Quand la lune s’approche
Que l’effraie chuinte au bord des toits
Voix de nos mains qui dansent
Et timbre de nos doigts
Mesurant le silence
En cadences de nuit
Voici
Contre le ciel
La parole en longue plume blanche
Paroles de haut-vol
Ou bien de moindre cime
Et prenant peine au sol
Tant de mots et de signes
Et tant de noms si doux
Qui avec ceux des fleurs
Sont miel de nos langues
Le tout premier écrit
La toute première page
L’on dit de nous de livres ne connaissent
Quand avons la parole
Sans cesse
Dans les yeux
Aux inventeurs du jour
En plumages de joie
Un chant de fête
D’admiration
Un tendre hommage
A nos prophètes
Parlant contre le firmament
Eux qui ne furent partagés
Lors des antiques sacrifices
Entre qui ne sommes passés
Ni même le grand feu
Ni le tison des pères
Ou la braise des fils
On ne fend la parole
On ne fend pas le sang
Nul ne coupe les signes
Traversant la nuée
Non ne furent séparés
Jamais de leurs envols
Mais simplement s’effacent
Inconnus sur la terre
Inconnus dans nos mains
Corps de gloire
Tendresse
Il y eut l’arbre l’eau
Il y eut au-dessus l’oiseau
Ces choses étranges
En forme d’ange
Contre le ciel
Oiseaux d’amour
Chant de joie
D’inquiète joie
Vent de nuit
Brise
Et danse de nos doigts
A l’inverse des peaux
S’écoulent arbres rivières
S’enfuit ciel sous nos pas
Derrière les grands rideaux
pour instruments de la forêt