Ma vie au village – 5

Elle ne tombe d’un coup, ce n’est pas ce que disent ceux qui sont à côté, ce qu’écrivent les voyageurs, que soudain, non la nuit s’approche avec des mines de palmiste reniflant sous le vent, elle vient par la porte bleue, nous trouve avec la faim, elle n’est couteau qu’après pour trancher le sommeil en deux parts, fouailler à la jointure là où nous sommes pareils au monde en ce qu’il a sur le seuil d’incertain, d’abord d’un coup d’aile, au premier chuintement d’effraie, envoie toute la sauvagerie du jour à l’abime, dans la faille (comme on cache d’honteux déchets), les résidus du sang qui passe, ce qui a dégoutté de nous, toutes nos menteries mécaniques et coulures et violence des bouches, de ses prolongements alaires de neige grise, de son duvet d’aisselle, efface sans quoi la mort et entre ce qui sépare, ce qui lie, les ordures de soi, un bonheur qu’on sait là mais pas où, vient ragréer la peau, s’affaire au mélange qui endort l’angoisse, ce moment sur la bande allant jusqu’à la terre des vrais gens et tout ce qui devant, loin à part des îles, et n’est pourtant qu’une longueur de plaie immobile de nous, la cicatrice à l’aine, quand elle enfile sa blouse tout imprégnée de suint ou vêt un pagne de morguière qu’auraient enceintée nos désirs, nos vieux rêves défunts, je voudrais qu’il ne soit, oui qu’il me laisse au jour ou qu’il dure seulement à l’entour de la braise.

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