Ma vie au village – 17

Quand n’aurai plus le signe juste au centre du front, que le monde sera fini, bien mort comme l’assis hantant notre bas-fond, et libre de l’écrit, le moi mort tout aussi après quatre-vingts ans vécus à se défaire, et nu anéanti… faut que je parle de ce chemin entre les cases, lanière cinglante sur la peau autant que trace, brasure, maux de coction que vent n’apaise, le village on le digère et le hoquète, on le rend avec la bière et le arki. En ce moment tout presque sent la mangue sure, le pied qui marine dans nos shoes éculées, babouches, samaras, avec des commandos de mouches de toutes sortes, grises, noires, lucilies, le bruit qu’elles font quand on traverse, suçaillant la chair des tombés, pondant sur le pourri, tant de fruits chus des grands arbres qui crûrent durant la Tutelle  et ceux qui s’accrochent encore ressemblent à des coilles de taureaux  quand on damait de nos pieds nus la nationale ou l’aviation, faisant aussi provision pour les géraniums des dames de pachydermiques bousons, le chemin va, peut-être passâmes-nous là le cours des anciens temps et que ce mort en bas fut le fondateur du clan, l’assassin de son frère, au milieu des globules à la piaute fendue va où l’on ne sait où l’on n’ose, longeant la plaie dont nous sommes esclaves.
arki : alcool de distillation locale

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