Ma vie au village – 18

Ce chemin, seuls nos pas l’opèrent lorsqu’allons venons matin soir (en d’autres heures pour certains qui ont à faire comme manger sur un arbre ou rire dans les buissons), est ce que nos plantes laissent de squames, pelmes et de transpiration, le tracé qui m’obsède ici (livre immense), une trotte, une tirée quand on y pense, se rendre au puits, la caisse ou la boutique, la soukoul, le champ lointain, le boukarou pour le vin, chez tantine, le dispensaire, le voyant, la sorcière, la chapelle des Adventistes, des Calvinistes ou des Romains, la Maison Blanche ou selon le Kremlin, la rivière et traverser la route sur qui passe le sang, les coasters, finir à se laisser happer par la nuit et ne plus trop bouger près du feu en mastiquant du chien, sa multitude s’entrelace, demeure peu de mémoire hors de lui, ce qu’avons écrit sur le dos de la terre. On peut bien rire ou quoi, jouer la pantomime, tirer les mangues vertes, dire que ça va aller, personne ne vient lever la carte, comme si n’avions pas d’horizon, n’avons pas d’horizon, n’aurons pas d’horizon ce qui de l’avenir diffère, aucun poète ici qui vaille plus d’un pet de panthère sauf un, je vois : plus d’hommes et plus d’oiseaux, je vois la branche et le désert et la nuque de pierre là-bas sur le rocher, le visage endormi les yeux clos aussi clos que je les dors ouverts parmi les fauves allongés, leur pelage de schiste, une sente qui s’y rend dans la repousse factice des brûlis, saut de la ligne au fond où ce qui reste d’arbres dessine des maisons.

Sahelanthropus tchadensis
Sahelanthropus tchadensis
photo : Didier Descouens CC BY-SA 4.0

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