Ma vie au village – 20

Depuis qu’avons été tirés de ses clairières, réfugiés sur la bande, calculés en main d’oeuvre de force, de domesticité ou d’usages divers vivons le long de lignes dont le tracé nous échappe, qui ne sont pas dans notre esprit, une tout autre cartographie que celle de nos cercles en elle quand épousions rondeurs et plis sans aller trop loin mais quand même de l’immense craton du Congo. Sommes à plat, regardant le sang passer, le pétrole et la bière, les cartons de savon, réduits, ombres de calcinés en marge d’un itinéraire mécanique, d’une tubulure d’évacuation, ça la dépèce en concessions, la fracasse au-dedans d’elle où n’allons plus autant, lui tatoue ses membres morts en vue des reconnaissances portuaires et suivis d’ameublement, nous situe à tel degré de lassitude et tel autre de repliement, là où vont les routes. Il pleut, le chemin poisse et glisse mais ce n’est pas un chemin, seulement la fraye, le frottement du plat de nos pieds en girations, décalque terni de quand vivions en son ventre rond sans l’entaille au bord d’elle, que tournions au gré de ses baies, carbone éteint, passé, des pérégrinations d’avant qu’on l’éclope et la blesse, la mutile.

Photo credit: eosdude / Foter / CC BY-SA

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