L’état d’urgence aussi pour les poissons

Lorsque la porte d’A. par enfoncement fut ouverte ils ne trouvèrent que du vide entre les murs, le sol et le plafond, c’était au fond de l’arrière-cour une pièce en blanc de chaux, peu fenêtrée mais étrangement claire ; (pourtant) dire qu’elle ne renfermait rien est faux : un poisson logeait au milieu sur un massif tabouret dans un récipient de verre. Ils déconcertés se regardèrent et toute leur pensée heurta l’œil de l’unique occupant puis glissa. Plaqués contre violemment les mots Assignation Résidence Préfecture et Perquisition qu’il vit déformés bien sûr et ne pouvait comprendre inondèrent la paroi et son animal esprit ; pris d’une terreur d’alevin, d’immature, il se réfugia au centre dans le château en plastique peint. Longtemps les hommes sondèrent des cloisons chaque centimètre qu’un carré contient puisqu’aucun livre, aucun papier, aucun carton. L’un d’eux dit : rien ; l’autre : les souverains renseignements assurent qu’A. n’a quitté ni la ville ni le pays ; encore (le troisième probablement) : pas étonnant que soyons si peu, c’est vraiment du menu fretin. Oui mais (le premier et l’autre toujours d’accord) faut se méfier de l’eau qui dort. Le carassin sorti de chambre se tenait près du portique japonais et mordillant des algues alors. C’est un comportement suspect. Sa caudale battait nerveusement la jambe pliée par l’effort d’un scaphandrier gris. Dont évidemment on ne voit pas le visage. Il y a des bulles qui sortent. Un coffre-fort en simili rouillé. Un navire épavé. Un mini-cadre photo format d’identité posé sur une dalle funéraire ; c’est le portrait d’A. quand il était bébé. C’est lui. Ne pouvons retenir un fantôme au lieu-dit, formule celui dont l’autre est toujours d’accord. Et le troisième rendons à l’évidence ce qui est : il n’y a personne ici. Hormis cette créature en eau trouble. Ça sent légèrement l’ammoniac. Il chie de peur le salaud. On prélève un peu de liquide pour la police scientifique. Le cyprin suçote le haut d’une amphore de facture grecque ou romaine. Nous confirment là-bas qu’on assigne ce poisson de merde, donc une bouche énorme et humaine se penche et crie. Le sable au fond est joli, très fin en couleurs multiples, avec de toutes petites plantes vraies qui frémissent.

l’état de sécurité, proposition d’écriture de la webasso

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