Je suis issue des tranchées d’une guerre à la mémoire handicapée de naissance. Et le plus aberrant dans cette histoire de postures et d’impostures, c’est qu’il m’arrive de me prendre pour la tranchée elle-même. Car si je perds parfois le cap, je m’entête à garder les deux pieds dans la brèche, journée de merde ou pas. C’est à partir de ce point de vue panoramique sur nos ravages quotidiens depuis lequel je vous parle, et à partir duquel, très souvent, je vous écris.
J’écris dans l’empressement de saisir le regard évanescent qui se cache sous la lentille.
J’écris pour voir, pour tendre l’oreille, pour vérifier si La Tranchée souffle encore. Simplement pour dire « Non », encore une fois, malgré le peu de parois que je trouve à présent pour en faire résonner la voix. À en faire muer le souffle en son vibrant.
J’écris « vous », car je ne peux me figurer écrire sans le reflet d’une certaine conscience sociale ou personnelle, même fictive. À propos de Créneaux – raison et paradoxe
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