notes à propos d’un paysage (5)

Tandis que du genre humain naquirent des branches, des lignées, et s’opéra la dispersion, peu à peu que son profond fut oublié pour la surface, quelques-uns sous les pulsions régressèrent dans le cœur des arbres portant secret de la voix. Ceux-là, nous, avant d’être chassés connurent la mise en extériorité que produisent les villes ; elles séparent et du point de violence, de la chute où nous étions, vîmes jaillir le paysage, une douceur inattendue ; d’elles notre regard fabriqua l’horizon, cet hors les murs de la vengeance du sang et d’elles aussi de tout ce qui se forge par le feu dévastant fut créée la musique, les deux pour se désencerner. 
Le paysage et la musique sont instruments du migratoire ; l’esprit cherche le primitif ailleurs, à sortir des villes étouffantes, du tissage de leurs remparts. S’abriter, se vêtir, c’est en quoi consista d’abord la fuite sans durée, se dérober à la vision par un voyage presqu’immobile, s’écarter d’un pas de côté du lieu et de sa question. Puis décorer les peaux pour défaire de soi l’oppression, connexer la danse au son en antidote contre l’épée.

2 commentaires sur “notes à propos d’un paysage (5)

  1. retourner au cœur de l'arbre car j'y imagine le suintement de la voix, quand on sent qu'on a pris tel l'horizon, telle une mélodie,croyant entendre mieux

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  2. Il y a cet arbre qui se trouve là,
    juste où il le faut:
    il puise sa vie en bas,
    et l'air entoure sa peau.

    C'est une silhouette vaillante
    qui brave les nuages,
    ( … remarque bien l'attente
    des oiseaux, avant l'orage )….

    On peut parler d'un temps
    qui ne serait pas météo,
    – ( il ne pleut pas pourtant,
    sur la photo ) .

    On peut parler d'un temps
    qui nous dépasse ;
    sa sève est son sang
    qui jamais ne se lasse.

    Comme tous les arbres il fut arbuste.
    Il y a fort longtemps il eut sa jeunesse,
    mais … vois comme il est robuste,
    et aucun signe de vieillesse

    Il secoue sa crinière,
    dès qu'il y a du vent :
    attaché au sol,
    il ne peut aller de l'avant.

    Il est toujours à l'endroit où tomba la graine…
    Apprivoisant la terre fertile,
    S'étendant chaque année, à peine ,
    contenant sa période juvénile .

    Est-on bien certain qu'il n'a pas bougé,
    qu'il n' a pas traversé le terrain,
    – en quelque sorte, – déménagé,
    pour manger plus à sa faim ?

    A ce qu'il parait, il n'y a pas de témoin,
    qui puisse affirmer ( croix de fer, croix de bois ),
    qu'il soit resté immobile, dans son coin,
    – j'ai quelques doutes, crois-moi

    Il pourrait raconter bien des histoires,
    si on lui donnait la parole :
    Il a beaucoup de mémoire,
    et en connait de drôles…

    Ce serait rigolo
    si, en prenant de l'âge
    comme les serpents, il changerait de peau,
    de couleur, comme les lapins, de pelage…

    Ou , à l'instar des hommes : un feuillage en hiver,
    virant au gris ou en teinte blanche :
    Campé sur ses racines, c'est un grand père
    qui se tient bien sur ses hanches…

    Des jeunes plantes lui font la cour.
    Sous la brise, elles s'inclinent,
    en formant un tapis de velours,
    de teinte fluorine …

    De multiples espèces se bousculent pour lui plaire,
    – et qui se montrera le plus beau ? –
    va -t-il préférer les jaunes ,quelle nuance de verts,
    ou la parade insolente des coquelicots ?

    Il les contemple avec surprise,
    mais entretient des relations de bon voisinage:
    l'impatience n'est plus de mise,
    avec son grand âge…

    Il faut respecter le protocole,
    A chacun son bout de terre,
    c'est le partage du sol,
    même avec des herbes éphémères ..

    Ce que plantent les hommes,
    avec des produits suspects ,
    des récoltes jusqu'à l'automne,
    – ils ont droit au respect

    tant qu'ils ne sortent pas des dents hargneuses .
    Ce que l'arbre redoute,
    C'est bien sûr la tronçonneuse,
    et de nouvelles routes…

    Va savoir de quoi sera fait demain, …
    Ces inventions diaboliques,
    risquent fort de conduire son destin
    à une fin dramatique .

    Le grand solitaire le sait bien :
    le gardien de la prairie
    n'est plus sûr de rien:
    Regarde, comme le ciel s'assombrit…

    RC – mai 2016

    RC

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