F. S. Ndzomga / Oppression

rue à Douala

La ville a quelque chose d’oppressant en tant que fruit immature de la compression des distances, de tous les revêtements grotesques que l’urbanisme décide d’appliquer à la nature, de tous ces élancements pour conquérir l’espace au-dessus de l’espace et construire une vie sur sa vie donnée. La vraie vie devient cette couche supérieure, superficielle, ce maquillage constant de nos pensées et de nos paroles.

Le dur labeur du poète est donc le décapage.

Le village est son vieux pendant, autre face des gens urbains, le tatouage, la peau ridée, le bas qu’ils regardent à leurs pieds ou l’horizontal devant quand ils marchent entre des hauteurs, un horizon enfoui dans la végétation-mémoire, le masque putréfié du temps. La couche à décaper est ici celle où les fossiles à la gangue trop dure paralysent l’effort d’être un peu soi quand même. La ville certes oppresse, mais le poète peut y vivre anonyme, donc heureux.
Le matin, dans la rue, tout un monde, toute une foule qui étouffe et ne peut qu’avancer vers qui est indéfini et risqué. Tout ce monde t’ignore, pensée rassurante et déprimante à la fois. D’une certaine manière, toutes ces gens saturent ton esprit de leurs cris de survie. Pour cela tu évites les marchés, qui empiètent sur la route et traduisent que cette ville n’est qu’une transition échouée entre le village et une certaine image que l’on s’était faite une nuit d’ivresse.

Ce sont des mots jetés en résidus d’haleine et de salive acide après le fighter nocturne, les copulations mécaniques, ce que ça traîne de fatigue aux chevilles ; il n’y a plus de chemin mais à ras de poussière une circum-ambulation de chairs et de tissus. On suit les vies en pistant leurs déchets. La ville accumule, mange, joue dans sa cage à panthère-ogresse,


loin d’elle les flamboyants pourrissent.

rue à Douala

Road 10 no longer exists.
Je crois qu’on peut s’arrêter là. *
  * ce texte est un transport en commun
  © F. S. Ndzomga / S. M. Roche
  photos : Ndzomga

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