Éros au bord de l’eau (9)

on revient se rendort dans la case muette, rassurés qu’à l’entour les sons, grenouilles crapauds de mer, et ce ronflement de machine-avant, machine-arrière, le branle des premières autos, l’odeur soudaine de citrus et de peau, d’eau calme entre les cuisses, le jour qui point, se dresse hors des chiffons, Babylone l’océan, son ennui de vivre autrement, la vieille loco du chemin de fer, le vieux tronc où l’on s’assoit, sa plage puante, ses poubelles, des oiseaux dans les cocotiers qui chantent, on voudrait ne penser qu’à rien, et que la violence s’efface, la fatigue aussi, nôtre, antique, plus âgée que le temps, tout, qui ne disparait qu’en un même regard, approché sur la route, où l’on va, doucement, en gardant ses promesses, le peut-être qu’un jour, mais l’usure, de soi, de ce monde-là, on marche à pas de chat, sur le sommet d’un mur, dans la ville se dire, allons au bout du jour, parmi les rues, les boutiques, sous le tissu, sans un sourire, aventurer sa main, manger un quelque-chose, du peu, avant de revenir


Réponses

  1. Avatar de susannedereve
    susannedereve

    onirique et beau !

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  2. Avatar de Caroline D
    Caroline D

    merci…
    pour la fatigue, le puant, les oiseaux et
    l’usure, les poubelles et le dessin de l’eau
    et le parfum collant de citrus et de peau…
    merci pour la beauté
    du sable et des mots…

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  3. Avatar de Dominique Hasselmann
    Dominique Hasselmann

    se laisser aller au gré ou malgré des encombrants sur le chemin divaguant, les oiseaux noirs du soir ou les rapaces blancs de l’absence, en soupesant la légèreté d’un nuage, d’un visage, d’un passage – malgré les barrières du quotidien toujours revenu d’ailleurs. +:+

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