Glossaire incertain de ce qui m’entoure. Nommer les êtres et les choses avec précaution, défaire la brutalité de nous. Lui, à l’angle, s’impose, avec au top des mains longues et nombreuses, tremblantes de sa vieillesse, des doigts qui pendillent séchés, craqueleux, un survivant mal-aimé qui se laisse emmousser par les vents, qui a des yeux jaunâtres de lichens et des petits points blancs, et personne ne caresse sa rugosité, les herbes ça ne doit pas connaître le malheur ou alors se taire comme certains humains, les exilés d’un lieu ou ceux l’étant de l’intérieur d’eux-mêmes, de la masse des autres surtout, murmurer parce qu’on est comme ça, un rien, de la race des sous-, moins qu’un esclave, moins qu’un chien, il trône en son coin pourtant, élancé, fidèle, un peu fier que personne ne sache où « il a la tête », si c’est en-haut où viennent les pieux-corbeaux, en bas où ses racines grises sur le dos de la terre forment un cercle restreint qui ombrent la matière, tout à son stipe droit dans le ciel pudique.
j'aime être le serviteur de l'Arbre, le sous-arbre, l'herbe compagne…
J’aimeJ’aime