J’aime, je n’aime pas : cela n’a aucune importance pour personne ; cela, apparemment, n’a pas de sens. Et pourtant tout cela veut dire : mon corps n’est pas le même que le vôtre. Ainsi, dans cette écume anarchique des gouts et des dégouts, sorte de hachurage distrait, se dessine peu à peu la figure d’une énigme corporelle, appelant complicité ou irritation. Ici commence l’intimidation du corps, qui oblige l’autre à me supporter libéralement, à rester silencieux et courtois devant des jouissances ou des refus qu’il ne partage pas. Roland Barthes
À la manière de Barthes, mais un peu plus longuement,
je livre cet « autoportrait ».
Les j’aime d’abord, ça va de soi,
et demain les je n’aime pas.
J’aime, l’odeur du café et des sachets de lavande, le crépuscule du soir, les tourterelles, les milans noirs, les fleuves, les villes, les immeubles éclairés la nuit, la lumière des lampadaires, les champignons dans les prés, l’ombre des sous-bois, j’aime un paysage de savane arborée, la lune orange, le soleil rose, la grande forêt, les zones urbaines délaissées, les quartiers populaires, les senteurs d’une poissonnerie, les petites boutiques où il y a de tout, les dictionnaires, j’aime le sel, le gingembre, le whisky et la téquila, les tapas chez Quimet & Quimet, la cuisine indienne, le gratin dauphinois, j’aime écouter la radio, lire couché, balayer, les séries coréennes, le sencha, dormir, ne rien faire, le parfum des mandarines, les geckos, j’aime l’amour au temps du choléra, Virginia Woolf, Jean-Michel Basquiat, la poésie de Reverdy, Spinoza, les cactus artificiels, les décors en papier, la calcédoine, le romarin, le savon citron-verveine, la confiture de figue, les mangues, le ndolé, j’aime Beethoven, Pasolini, le lait de chèvre, le bar braisé, les libellules, le clignotement des lucioles, la nuit juste avant les forêts, la fraicheur des tilleuls, les dialogues Deleuze/Parnet, le camembert avancé, la pâte d’arachide, entendre Preciado parler, les biographies de six-cent pages, les textes courts, j’aime Coltrane, Picasso, les olives, les filets d’anchois, le peu, les mots chose et paysage, le verbe dégazoliner, Lou Reed, Patti Smith, l’album Harvest, la voix d’Asaf Avidan, le concerto pour la fin des temps…
Jolie liste (non exhaustive ?) !
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Merci, non exhaustive, il ne faut pas trop dire à la fois
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Je trouve cela particulièrement beau et émouvant
Tous ces goûts se répondent poétiquement pour former un tout
Une unité singulière
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Merci, j’ai trouvé cette forme d’autoportrait passionnante à pratiquer
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J’aime
ce que vous écrivez.
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Un carnet de route mieux qu’un autoportrait! J’aime (à peu près tout de ce que vous aimez)… 😅😇
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carnet de route aussi, en effet, dans la mesure où certains gouts et dégouts peuvent changer, d’autres sont immuables, comme l’odeur du café 🙂
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