la pluie lave tant la nuit qu’elle devient noir réglisse, ses gouttes ploquent sang le sol les surfaces, percent la vitre du temps, l’enduisent de sa graisse, elle si forte qui rabat le vent, si grand, tient le large en ses mains de pluie, étouffe le bruit non sien, la ville la mer on sous trois-cent-mille tonnes de silence, un dernier floc, le trou, l’obscurité mouillée qui nous aspire, comme au village des orpailleurs, le père descendait, avant que l’on s’exile, toujours plus, se courbait au fond, dans la boue, creusait, le trou, pour des grammes de rien, sucé jusqu’au front, tété par la terre — il fallait raser tout un chien pour vaincre les eaux — on tirait le volet sur nous, là le ciel s’éventre, livre ses boyaux, d’une autre manière, bien que l’on ne sache si l’on vit encore ou que l’hébétude, ou que la noyade, du vent, des lucioles, le renversement, la lourdeur des mots — chien nu ne rompt pas les flots, dit Vénus qui sort, et puis ça s’arrête, dégouline un peu, on part ramasser plein de poissons morts et des écrevettes —
