L’une de ces arrière-cours muettes où tu n’as d’étendue que toi, le paysage de ta cervelle, la mousse léchant les parpaings. Juste assez pour un rosier nain. Des fougères. Tes mégots dans une coupe en verre, tes jambes nues sous le soleil droit. Quand l’hypnose du jour s’éteint, un dernier tour dans la plaine, puisque nous partons demain. S’assoir devant la baraque, patienter une comète, pour la flamme, le vœu. Le toucher du grain. Une haleine d’or et de suint. L’exhalé de ton cuir. Après, tu regardes longtemps des lièvres qui se promènent, traçant leurs sinuosités, et sur l’air les tournants formés par des ailes neigeuses.
Éros Sambóko #49
Devant l’eau si grande, on cligne des yeux, il y en a trois qui se confondent avec le bois flottant, les rochers. La tache bise d’un tanker en train de dégazoliner. On parle d’une vie simple qui ne sera pas, des amours qu’on aura peut-être et de cette nuit sans fin, qui nous guette. Mais c’est le jour, nous dormons, sur toute la longueur du sable, du vent, dos striés par les coquillages. À cinq heures le soleil chavire, puis se noie, on se dit qu’il nous emporte. Vers des iles et leurs rivages. On ne sait pas ce qu’on fait là, en face d’un carré de toile forte où nos corps défont l’image.
Éros Sambóko #50
FIN
Ce que l’on voit lorsqu’on regarde-sent-touche-écoute. Merci
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… comme une mélopée montant dans le lointain et un friselis de nuages folâtrant pas très loin, des lampes grillant des insectes au barbecue électrique donc écologique… 🙂
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un magnifique journal des ombres
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Merci, « journal des ombres », c’est justement dit
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Le paysage de ta cervelle, …..patienter une comète……….. quand l’hypnose du jour s’éteint…………
description concrète et poétique
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