Tirésias de nuit (6&7)

ça vient s’amasser, dans le quoi, l’esprit, quand se met la ville en face de toi, pas de la mémoire, qui dort, non, des restes d’humeurs, de mucosités, et des flashs de joie, celle de ton corps avant de connaitre, le douteux savoir, mais avec aussi la fatigue nerveuse de l’enfance, les pensées qu’on n’y arriverait pas, à ce bord de l’eau, l’endroit où la vie passerait immobile ; là-haut les autos vont à leurs affaires sans te regarder, et ton père ta mère tu ne vois jamais leurs visages dedans, les autres non plus, défilant ailleurs — ailleurs qu’en tes yeux, qui te font grand comme cette ville et ses rues-veines entre des seins nombreux tendus, par la douleur, vers le ciel d’une bête couchée sur le dos — faces sous filtre d’ennui ; et toi ta peur d’oiseau à terre, au sortir du trou, quand le bruit sur-le-champ te baise, outrage le refrain que tu pleures au-dedans (une complainte d’amour et de guerre) parfois en même temps que l’onction des mains, la fragrance de l’huile (pointe de coumarine) ; bruit de sécateur, de trancheuse moderne, qui sépare les mots, les stances de l’histoire d’un amour pas vécu, tu ne peux plus penser, comme eux, dans les autos, ou ceux sur les trottoirs (souvent leur absence) qui mâchonnent en passant l’oubli du devoir-faire, ce fracas te délivre de ta pauvre intention, ne pas rester en bas à détailler les plis d’un corps non voulu et le nouveau qui vient, tu marches pour toi-même, transparent, souverain, en n’importe quel sens (de toutes leurs manières Éros et Vénus t’attendent, chez Marcelline ou aux enfers) ;


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