Tirésias de nuit (10)

va, Tiré, où tu vas, ton âme sa misère, quand on lui parle la mort s’enfuit de ce bas-fond ; sinue sans dévier, tel un coupeur d’ongles ou des vendeurs de bonbons, un cordonnier mobile, mais eux routinent leur direction, sans vouloir l’usure que tu cherches, de la part trompeuse du corps, que tu ne te reconnais pas, celle qu’on appelait toi, par ignorance puis aveuglement, ou coupable dessein de te conformer à l’image (sur les photos on ne te voyait pas, juste une tache noire de lumière), tu remarques en marchant que les hommes vivent sans yeux, captifs de leur tristesse, bruitant le jour, le temps et les gestes d’eux-mêmes, deviennent oublieux — toujours, pas éteinte, une faute contre les dieux, la mauvaise réponse à l’interrogatoire (toi, riant de son idiotie), trouant le ciel la question de savoir, si et combien de fois, volontairement ou par hasard — déjà les avenues, le nom des boulevards, les buildings vitrés, la foule de chacun fixé à son ilot, une mer qu’on agite, avec les pieds, la main, un soleil de glace, l’entaille des caniveaux ; aller vers les joueurs aux dames, des rues plus loin, sous l’auvent de boutiques, prendre la place, et faire semblant, pour gagner la partie —


Réponses

  1. Avatar de Caroline D
    Caroline D

    les boutiques hasardeuses
    et la lumière
    sur le dos des vendeurs

    la tristesse à sa place et
    les avenues mobiles

    la foule voulait des bonbons
    et l’on interrogeait
    l’usure de la mort –
    l’aveuglant de l’entaille et
    le bruit des captifs
    à y faire dévier le soleil

    tout dans la direction
    des ongles

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    1. Avatar de Serge Marcel Roche
      Serge Marcel Roche

      quand le « commentaire » se fait poème et fait emprunter aux mots d’autres ruelles… merci

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  2. Avatar de Dominique Hasselmann
    Dominique Hasselmann

    Hommes sans yeux et visages effacés sous les bombardements de toutes sortes quand les étoiles se cachent désormais.

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    1. Avatar de Serge Marcel Roche
      Serge Marcel Roche

      la poésie est toujours actuelle, on préférerait parfois qu’elle ne le soit pas

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