va, Tiré, où tu vas, ton âme sa misère, quand on lui parle la mort s’enfuit de ce bas-fond ; sinue sans dévier, tel un coupeur d’ongles ou des vendeurs de bonbons, un cordonnier mobile, mais eux routinent leur direction, sans vouloir l’usure que tu cherches, de la part trompeuse du corps, que tu ne te reconnais pas, celle qu’on appelait toi, par ignorance puis aveuglement, ou coupable dessein de te conformer à l’image (sur les photos on ne te voyait pas, juste une tache noire de lumière), tu remarques en marchant que les hommes vivent sans yeux, captifs de leur tristesse, bruitant le jour, le temps et les gestes d’eux-mêmes, deviennent oublieux — toujours, pas éteinte, une faute contre les dieux, la mauvaise réponse à l’interrogatoire (toi, riant de son idiotie), trouant le ciel la question de savoir, si et combien de fois, volontairement ou par hasard — déjà les avenues, le nom des boulevards, les buildings vitrés, la foule de chacun fixé à son ilot, une mer qu’on agite, avec les pieds, la main, un soleil de glace, l’entaille des caniveaux ; aller vers les joueurs aux dames, des rues plus loin, sous l’auvent de boutiques, prendre la place, et faire semblant, pour gagner la partie —
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