Tirésias de nuit (13)

tu demeures avec tes manies, ton penchant, comme baisser les yeux à tout croisement, de choses, de gens, hormis les rares bêtes (zébus, chiens), presser la clé, fétiche, dans ta main — qui ne te conduit vers, une ligne à lire horizontale, droitement, un paysage (le réel dénué d’humain), que des collines, escarpements, la croute, les signes angulaires, la fatigue des reins pourvu que le soir finisse, tu ne marches plus sur ce chemin — passe les carrefours inhabités, les masses désertes, le rond-point (celui que fréquente Éros), on voit, sans nuages, le vert des arbres à flanc de rocher, un vert qu’on ne peut, qui se perd, qui semble un tableau, pense à : coudre des traines au gris des cieux, de longues queues, où les avions s’égareraient, composer pour Vénus des milliers de chapeaux, même un autel à dieu, emballer la mer (dans un magazine, de telles métamorphoses), on s’y rendra parler, danser, boire, on ira se rendre à la mer, devenue verte comme un tableau, ensuite sans doute, tout finira — passe un supermarché, sa grosse enseigne rouge, le parking plein d’éventaires, jamais tu ne t’arrêtes devant les articles de bazar, tu voudrais, t’abstiens, par lassitude, austérité, crainte d’un désarroi, s’il fallait dire, même non, de ta voix changeante (et de t’entendre, cet émoi), alors tu files un pas plus long ;


Réponse

  1. Avatar de Dominique Hasselmann
    Dominique Hasselmann

    Déambulation rêveuse, facteur du temps, boîtes aux lettres disparues… :-)

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