Tirésias de nuit (18)

s’approche le bar, on t’y attend dans une niche, un coin, renfont qui pue l’urine le carbone, les coulures de bière, mais d’où l’on observe devant, et comme un traveling à l’écran, la bordure des rues car la lumière baisse, filant te change la durée, calme le temps, tes organes, le déhanchement, bientôt tu boiras du vin très sucré, suivi de liqueur, d’une giclée de crème ; Vénus sourit, on ne se dit rien, si tu le peux étends ton corps, au moins, tes pieds salis bien avancés, on se tient du même côté, et tes cuisses dépassent la table, les mains posées, pourquoi tu marches depuis l’aurore, des milliers d’années — et le sacrifice des bêtes — on regarde la crasse de la toile cirée, ses fissures, le sol à moitié lavé, où scintille l’éclair bruyant des réglettes, les écailles séchées d’enduit sur le bois, Éros raconte, l’air pincé, une passe ratée, près des poubelles, on se comprend au peu de mots, ça pleut, et parce qu’on déteste, la mère arrête la musique, sort du vin de derrière les fagots des Europes ou de l’Amérique, le sert, qu’on boit doucement, l’eau s’efface très vite ;


Réponses

  1. Avatar de Dominique Hasselmann
    Dominique Hasselmann

    De l’autre côté du comptoir, les bouteilles s’empilent et se parlent, canettes et cancans, jupes falbalas et cuisses en l’air, atmosphère de whisky et de pentes enneigées comme des souvenirs blancs… :-)

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    1. Avatar de Serge Marcel Roche
      Serge Marcel Roche

      Êtres et choses ont un autre côté, qui parle aussi, se laisse entendre. Merci Dominique pour votre fidèle lecture de ce chemin

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  2. Avatar de Geneviève Catta
    Geneviève Catta

    Vos mots m’évoquent ceux de Gracq (« Celui-là qui oublie la nuit qui le cerne ne connaît pas le vrai jour. »)
    Merci!

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