on quête l’absence, la révocation, on rêve de fuir, de se dissiper et réapparaitre — ce mot, nom de toi, que t’écoutes chanter (parfois des comptines), tu l’oublies aussi ; vient le crépuscule, de chaque soir étrange, et ton pas plus lent, ton cœur plus inquiet, lors que les bâtisses se couvrent d’un voile, lingerie de mystère, rentrent leurs dessous, qui pendaient aux grilles où chient des lézards ; fin du midi, plaqué de fer, cours, Tiré, vers l’imprécis, les attouchements de la fraicheur, une confusion qui te libère, ça vit dans les pourtours ce que tu vois, jamais sur l’axe de tout, encore moins toi qui accélères, tes jambes au déclin du jour, à la peine, ça s’écrit avec des poussées d’échine (pas comme font les sexes, au lit, sous les buissons), puis tes membres se désarticulent, brusquement en l’air, brisent le tracé, la règle commune, ton maintien se tord, et les yeux grandissent, ta bouche s’entrouvre, fluide, suce le chemin, les pistes contraires — qui vient de face sent une peur, tu leur prendrais quelque chose, ne frôle personne, on te lyncherait comme volant des bites (pour en faire quoi) happant des flux sanguins —
Étiquette : Chemin
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Il n’y a pas de ligne droite
Après six ans sur Blogger, nouveau véhicule pour Chemin tournant.
Quelques mots de Deleuze pour marquer ce changement…La limite n’est pas en dehors du langage, elle en est le dehors : elle est faite de visions et d’auditions non-langagières, mais que seul le langage rend possibles. Aussi y a-t-il une peinture et une musique propres à l’écriture, comme des effets de couleurs et de sonorités qui s’élèvent au-dessus des mots.
Ces visions, ces auditions ne sont pas une affaire privée, mais forment les figures d’une Histoire et d’une géographie sans cesse réinventées. C’est le délire qui les invente, comme processus entraînant les mots d’un bout à l’autre de l’univers. Ce sont des événements à la frontière du langage.
Toute œuvre est un voyage, un trajet, mais qui ne parcourt tel ou tel chemin extérieur qu’en vertu des chemins et trajectoires intérieurs qui la composent, qui en constituent le paysage ou le concert.
Deleuze, CRITIQUE ET CLINIQUE, Les Éditions de Minuit, Avant-propos
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fréquence 18
Forcément se perd la douceur d’un trait, d’une ligne filant muette, dessous, intérieurement hors et par les côtés de l’être, chuintante comme le premier pas, en suite qui s’efface – n’allons au bout, quelque pic ou rivage, qu’au prix de ce soupir né d’un entr’ouvrement, de l’aperture des lèvres sur la peau d’une main – malgré marcher tout à l’écoute, en ourlant l’ombre des routes, son dessin dilué par lenteur ou célérité, fuir le vacarme automatique en pistant l’écho du parler dans la denture et le cerveau. Ce qui va où passe à travers par les nervures du cuir sous forme de murmurations, bruissements divers, capture des sons à peine devant, juste au dessus du front, le but n’ayant à faire avec le voyage, mais le mouvement de l’instant, le surplace aussi, la vacance, les faux-fuyants dans une marge, même en cours de, l’échappatoire, la ruse, le reniement, l’abandon. Sans cesse à quérir ce bizarre discordant, brûlant doux au regard, qui s’entend, nous taraude de sa distance, se laisse obscurément voir, approcher quand tu es nu, perplexe et titubant, par le fatal détour de soi où l’on s’égare.