De moi, suis le fantasme très ordinaire. Est-ce créer que l’écrire, décoller de cette condition. Qu’est-on sans le désir. Sitôt jeté sur la terre, on te cloue avec lui dans un lit. Le tien, celui de ton frère. Le dimanche d’après résonne à ton oreille impubère, bienaimé, que tout est sale. Tu écoutes des mots qui transpirent, pantèles devant la laideur des corps. L’issue n’est plus que tirer la porte derrière soi, unir la chambre au secret, où quelqu’un, le dieu peut-être, voit. Un jour tu croises Vénus par un détour, une conjonction planétaire, Tirésias qu’une sainte confuse a guéri de sa cécité, qui transite en lui-même, alors ensemble sans savoir, on va.
Éros Sambóko #41
Chaque jour, on récrit le scénario. On s’obstine à vivre. Moi, un morceau de peau, entre le carré dans la fenêtre, le lit, la porte close. Ils disent : je m’enferme. Mais j’échappe par un côté. La rue est ma vision, où je quête qui ferait de même. Je vais au canal, sur un autre bord de la nuit. Guère plus dangereux que la vie sociale. La chambre est périmètre de mon ennui, d’elle j’entends le monde passer. L’intrigue s’étire, réduite au corps pensée, dans les lenteurs de son mouvement, tend vers une image finale, le dénouement immobile. Texte : les draps fripés, le lavabo, l’œil en papier que le temps déteint sous son verre, des routes, des chemins tracés par le ciment.
Éros Sambóko #42
L’œil en papier ne se froisse pas de ce qu’il aperçoit, les cils lui barrent les mauvais cotés du canal imperturbable tandis que l’air se déplie le soir… 🙂
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C’est un œil en papier mais sous verre
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Chaque fois une écriture à s’emparer du corps
De l’ennui d’une chambre aux spectres d’une rue
…
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