puis tu somnoles un peu, adossé où le mort bredouillait les derniers mots d’une vie, la stupeur d’un pourquoi, l’innocence de la faute, objectant sa pureté, la candeur de son ignorance, et pleurait voyant ses moqueries passées, qu’il ne pourrait plus rire d’elles, que les gens ne trouveraient jamais les preuves d’une perversité, sa part fuyait, la douleur dans ses mots, tus même quand on le battait, qu’on pourrait t’imputer ce crime, puisque son dit mourrait dans tes bras, sans tomber sur le sol muet, froid, tu ressasses ce que le mort disait ses premières paroles tournoyant au-dessus du chaos, ses mots, à ce moment, la blessure, l’extirpaient du feu des multiples géhennes, Tiré, tu le croyais, épousant sa foi et son ironie, la quête encore alors que s’achève la route, qu’on ne tient plus aux promesses ; tu fais le tour de la cellule, vingt pas, non pour surprendre le jour, mais joindre l’autre bord de toi, te fier à la transmutation, à la réception du plaisir, vingt pas (un jet de pierre) dans le désordre, sortir d’une vieille housse les habits secrets, et t’en revêtir
Étiquette : Mort
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Tirésias de nuit (22)
quelqu’un-ci se terre, une balle dans le dos — sous un faible halo (l’ampoule pendille), à la mine, au bout de charbon, tu esquisses son corps mourant, ses yeux qui t’implorent de le regarder, s’en aller en toi, où l’on ne sait pas, et lui faire cortège de ta misère — cris, des brames dans le labyrinthe, cherchant le mort pour le tuer, le tuer encore, saisir au vol sa part de sang ; disputes, tout ça revient à son enfer, le silence sort, que tu gardais au ventre impur, en sa forme nouvelle offensant les dieux — tu pourrais reposer, tes yeux pourtant s’abiment ; Éros de son côté, sur son lit s’illumine, à penser repenser les trop brèves étreintes, refait les comptes du désir, et Vénus dort, mi-sereine, au fond de sa tristesse, attendant la vie ; les choses du dehors reprennent le dessus, on ne cherche pas le corps, là devant ta porte, qui entre, se trainant, mais ne saigne plus, coule entier, à rebours de toute gravité, dans les contours du visage ; tu réponds à son fin sourire de voleur — dors-tu, Tiré, quand le jeune homme s’éteint, qu’on trouvera beau, lavé, au bord du marécage —
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Tombeau
Vieux mort déjà, vieux squelette au genou brisé, dont la chair cancéreuse éclairait ton corps dans la pièce, avant, au Pavillon, où près de l’entrée un figuier lance encore ses racines autour d’une statue, mère de ce trou d’ombre, toi tu ne voyais plus la lumière du soir, seulement le plafond.
Un temps je t’ai abandonné c’est vrai, savais-je ou pas que pour trois cent cinquante francs, dans un bordel à ciel ouvert la mort t’avait mangé le sang ? Je viens avec l’huile, le pain, et ce dire : tu vas t’en aller bientôt, je regarde ta courte agonie, la disparition de l’effroi, qu’est-ce qui te ferait plaisir ? Des biscuits et du chocolat.
Tombeau de Simon Z.